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  Introduction   Né le 29 juin 1900 à Lyon, Antoine Marie Roger de Saint-Exupéry est mort le 31 juillet 1944 dans un accident de vol. Son témoignage unique nous est resté à travers ses livres dont la plupart a connu un succès incroyable. Terre des Hommes, Vol de nuit, Pilote de guerre et bien sûr Le Petit Prince sont des titres connus dans le monde entier. J’ai choisi de travailler sur Le Petit Prince car le fait que ce livre ait été lu par des millions de personnes de tous âges, de cultures et mentalités différentes m’a véritablement fasciné. Le message de Saint-Exupéry varie en fonction de chacun, beaucoup de personnes y trouvent une réponse à leurs questions. Ce conte peut aussi être une consolation pour ceux qui sont à la recherche du sens de leur vie.

« Le Petit Prince n’est pas conçu par un adulte qui s’adresse à la jeunesse et prétend l’introduire à la connaissance du monde. Mais il n’est pas non plus une histoire d’adulte enfantine destinée aux grandes personnes, visant à leurs restituer une certaine fraîcheur du regard. Il confond ces deux entreprises et les dépasse en un récit qui s’établit sur un autre registre et fonde un type d’écriture qui n’a pas d’étiquette dans l’histoire littéraire. » (*1) C’est une histoire touchante, un peu triste, mais non sans espoir, ce qui est un aspect très important afin de réussir dans la vie. (Je ne parle pas du succès dans le domaine du travail !)   Le Petit Prince réunit en un conte les idées principales de toute l’oeuvre de Saint-Exupéry. La responsabilité est par exemple un sujet très important dans Terre des Hommes.

La parabole que je vais étudier ici « est la cristallisation des principaux thèmes poétiques de Saint-Exupéry » (*2) C’est pourquoi j’ai donné le présent titre à mon travail. De plus, Le Petit Prince est reconnu partout dans le monde comme le chef-d’œuvre de cet auteur. Le style de Saint-Exupéry est simple, clair, sans trop de complications comme les adultes en produisent souvent. On a l’impression qu’il sourit en critiquant le monde d’aujourd’hui, ou pour être exact celui d’hier. Mais je crains que ce qu’il critiquait dans le monde d’hier n’ait pas changé aujourd’hui et que au contraire les gens ont davantage oublié comment on aime son prochain, comment il faut « apprivoiser » les autres. Je pense que son souci essentiel est de combattre l’indifférence des hommes les uns envers les autres et de vaincre le nihilisme qui a pris une place importante.

  Un auteur allemand critique sa pensée qui « reste fondamentalement abstraite et ne saurait donc nous permettre d'interpréter la réalité historique ni de lui donner un sens. Sa fuite du concret, la « peur du contact » qu’il éprouve face au réel, la façon dont il transforme une synthèse spirituelle en pur raisonnement (...) tiennent (..

.) à une ambivalence profonde de sa vision spirituelle. » (*3) Il est vrai que ses idées sont souvent vagues. Je pense que Saint-Exupéry rêvait surtout d’un monde meilleur. L’ambivalence de sa vision spirituelle est probablement la cause de la tristesse nostalgique que l’on retrouve dans ses oeuvres. Je voudrais donner un exemple de cette tristesse à laquelle il ne semble pas trouver de réponse : « Je suis profondément triste et en profondeur.

Je suis triste pour ma génération, qui est vidée de toute substance humaine. Qui, n’ayant connu que le bar, les mathématiques, et la Bugatti comme forme de vie spirituelle, se trouve aujourd’hui entassée dans une action strictement grégaire (...) En général, il n’y a qu’un problème, un seul, de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle.

(...) Ça m’est bien égal d’être tué en guerre. » (*4) Ce texte est un extrait de la célèbre Lettre au Général X..

..écrite à Oujda en juin 1943. Elle ressemble à un cri désespéré plein d’angoisse face au néant du futur. On dirait qu’il se demande comment on pourrait retrouver la confiance en son propre monde, comment tranquillement retrouver la mesure de son être. Il faut dire que le Petit Prince est aussi un enfant de la guerre.


Que Saint-Exupéry a vécu dans un monde où les hommes se déchirent. Même s’il a voulu dans son oeuvre encourager ses lecteurs, il n’a pas vraiment réussi à trouver lui-même le bonheur. Profondément triste pour l’humanité dont il se sentait en quelque sorte responsable, il a écrit la veille de sa mort : « La termitière future m’épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi j’étais fait pour être jardinier. » (*5)   Avant de commencer l’analyse du Petit Prince, j’aimerais tout d’abord dire que « derrière son monde magique, il apporte la vision noire d'un adulte idéaliste qui n’a pas trouvé dans la société l'aliment de son âme.

Mais en exprimant ainsi son angoisse, Saint-Exupéry cherche à s'en libérer et il trouve le moyen, purement gratuit, de faire jaillir la timide flamme de l'espérance. » (*6)Le Petit Prince a été illustré par l’auteur lui-même. Ce qui ne lui a pas été possible durant son enfance puisque les adultes ne le comprenaient pas a pris sa place dans ce conte pour enfants et grands enfants.                                                            (Ill. 1)   L’amour     C’est dans le septième chapitre du Petit Prince que l’enfant parle pour la première fois de la rose qui se trouve sur sa petite planète. Par rapport à l’importance qu’a cette fleur, cela peut sembler assez tardif.

Peut-être le Petit Prince en aurait-il parlé encore plus tard si le pilote ne lui avait pas expliqué que les moutons mangeaient aussi les fleurs avec épines.   Dans les trois chapitres qui suivent cet épisode, il est question de la petite plante et de ce que le Petit Prince vit auprès d’elle. L’enfant parle au pilote de sa rose comme de quelque chose de très fragile : « Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves. » (*1) Il est persuadé que sa rose est tout à fait unique au monde. Il a peur pour elle - que le mouton puisse la manger, elle, qui est seule, qui a été aimée par le seul habitant de sa planète.

Le garçon explique au pilote que lorsqu’il regarde les étoiles, il sait, ou plutôt espère, que sur une de ces milliers de planètes sa fleur vit et l’attend. Le pilote est émerveillé de voir autant d’espoir dans ce jeune garçon. Cet espoir le fait vivre et le dote d’un amour nouveau. Pour le Petit Prince, ce serait une véritable catastrophe si sa rose bien-aimée disparaissait à cause d’un mouton, qui en plus a été dessiné et existe maintenant, à sa propre demande. « C’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient. » (*2) Le Petit Prince n’est satisfait que lorsque le pilote (le narrateur) lui dessine une muselière pour son mouton.

  Dans les deux chapitres suivants, le Petit Prince apprend au pilote beaucoup de choses sur sa rose solitaire. Par conséquent, nous découvrirons aussi l’image que Saint-Exupéry semble avoir de la féminité. Le Petit Prince n’hésite pas à raconter au pilote aussi les défauts de sa rose. C’est quelqu’un de très coquet, de compliqué, qui manque de modestie. Lorsque le garçon lui dit « Que vous êtes belle! », elle ne fait que répondre doucement: « N’est-ce pas? » (*3) Le Petit Prince voit très bien ce manque de modestie, mais comme il aime cette fleur, il en accepte ses faiblesses. Il la trouve « si émouvante ».

(*4) Il est évident qu’il est en proie à un sentiment qu’il ne connaissait pas encore: l’amour et l’admiration. La rose en tire profit. Elle se fait apporter des « repas » réguliers - le Petit Prince est tellement sous son charme qu’il n’hésite point à lui rendre tous les services possibles. Il la prend très au sérieux, mais la fleur joue avec ses sentiments. En plus, le Petit Prince montre un respect profond pour le “personnage” de la rose. Il la vouvoie, bien- sûr, puisqu’il ne la connaît que depuis peu de temps - il a mis beaucoup de temps pour la faire épanouir.

« Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Et! oui. Elle était très coquette! »  (*5) C’est une fleur perfectionniste, très exigeante avec elle-même et avec son entourage. Elle sait très bien que son espèce de fleur (les roses) est renommée pour être la plus belle au monde.

Je voudrais souligner ici que les roses sont aussi les fleurs qui symbolisent l’amour. Ce n’est sûrement pas un hasard. Le lecteur peut donc presque s’attendre à une histoire d’amour. Contrairement à la rose autoritaire et exigeante, nous reconnaissons dans le Petit Prince la grande qualité du dévouement d’un amant à son aimée. Mais lorsque les paroles de la rose commencent à blesser: « c’est mal installé » (*6), le Petit Prince devient pour quelques instants un homme désillusionné. Décidément, cette rose le tourmente.

La rose veut aussi lui infliger des remords lorsqu’une fois, au lieu de courir tout de suite lui chercher ce qu’elle désirait, il reste un moment à l’écouter et à la regarder. Saint-Exupéry veut montrer au lecteur qu’il y a des femmes qui ne supportent pas qu’on les admire, même si elles adorent qu’on leur fasse la cour. C’est à dire qu’elles exigent que l’homme traverse des obstacles pénibles afin de conquérir la femme. C’est un tout petit peu comme pour un chat auquel on montre des dizaines de fois son dîner pour le faire courir ou sauter, sans pourtant jamais lui donner sa nourriture.   Peut-être Saint-Exupéry a-t-il fait lui-même l’expérience qu’une femme l’aimait au plus profond de son cœur, en lui montrant pourtant le contraire. (Soit par vanité, par coquetterie, ou peut-être par une sorte de timidité.

) Après un premier enchantement, le Petit Prince découvre qu’il a commis une erreur en tombant (au sens propre du mot!) aveuglément amoureux de la rose. Il confie au pilote qu‘il n’aurait pas dû écouter tout ce qu’elle lui a dit, ce qui montre que cette femme-fleur l’a profondément blessé; ce sera à cause de cette blessure qu’il quittera la planète en espérant qu’à son retour la rose ne l’aura pas oublié! Plus tard, il dira à un serpent qui lui demande pourquoi il est parti de sa planète: « J’ai des problèmes avec une fleur. » (*7)   Le Petit Prince vit une déception profonde - la première, mais aussi dernière avant de visiter les autres planètes: « ...il ne faut jamais les écouter les fleurs.

Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait la planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. »(...)« Je n’ai alors rien su comprendre! J’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots.

Elle m´embaumait et m´éclairait. » (*8) Le Petit Prince n’a donc pas attendu une sorte de preuve d’amour. Pur comme l’enfant qu’il était, il croyait tout ce qu’on lui disait. Il ne soupçonnait pas qu’une fleur aussi belle pouvait être égoïste ou fausse . « Je n’aurais jamais dû m´enfuir! J’aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer.

 » (*9) Dans ce passage le Petit Prince paraît si vieux au lecteur. Il parle de son expérience comme d’un passé très lointain, ce qui fait penser que l’enfant a en quelque sorte, déjà “ digéré “ et accepté les manières de sa jolie rose.   Le Petit Prince se montre toujours très humble, il excuse sa bien-aimée, explique son comportement bizarre avec beaucoup de tendresse, sans lui donner de leçon de moral (d’ailleurs Saint-Exupéry n’en fait jamais) - en allant jusqu’à se renvoyer la faute à lui-même. La rose, elle, n’arrive à s’excuser que lorsque le Petit Prince est décidé à partir. Cette scène d’adieu est touchante car la rose a beaucoup de mal à avouer ce qu’elle ressent pour le Petit Prince. La fleur reconnaît ses fautes et s’excuse de son comportement qui a tant troublé le petit “homme”.

Tout à coup, elle n’est plus la fleur faible et capricieuse mais elle devient plus tendre lui souhaitant courageusement bon voyage: « Tâche d’être heureux. » (*10) Elle lui dit avec une grande simplicité qu’elle n’a plus besoin du globe qui devait la protéger du vent et des bêtes - en fin de compte c’est bien la fonction de ses épines! Voilà la raison de ce si merveilleux changement: « Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau. » (*11) Saint-Exupéry veut faire passer un message qui est, à mon avis, très important: pour découvrir quelque chose de beau et de nouveau il faut savoir souffrir un peu, s’engager pour une personne que l’on aime ou un objet désiré - se croire capable de choses merveilleuses.   Effectivement, le Petit Prince est très étonné par ce changement: la rose est tendre maintenant, alors qu’auparavant elle avait été si dure. Ça n’en finit pas là, car la rose lui avoue son amour.

Mais elle reste fière tout en souffrant déjà de cette séparation et lui dit doucement: « Mais oui , je t´aime. » (...) « Tu n’en a rien su, par ma faute. Cela n’a aucune importance.

Mais tu as été aussi sot que moi. » (*12) Toute sa vanité n’a pas disparu - on a du mal à voir en quoi le Petit Prince, si naïf, aurait été sot. La rose commença à pleurer, mais seulement après avoir prié le Petit Prince de partir pour ne pas rendre cet adieu trop dur. « C’était une fleur tellement orgueilleuse. » (*13)   Je pense que le lecteur doute facilement de l’amour de la rose. Elle semble avoir un besoin égoïste d’attention et, comme le Petit Prince était, dès le début, tombé sous son charme, elle en a tiré profit.

Mais je ne crois pas que ce soit ainsi. L’attitude de la rose est due à une timidité profonde dont le Petit Prince ne s’aperçoit pas tout de suite. Il est trop jeune - trop naïf. Lui-même est si direct qu’il ne comprend pas comment et pourquoi les autres pourraient être « coincés » ou scrupuleux. Saint-Exupéry a vécu une enfance au milieu de femmes extraordinaires d’après plusieurs biographies sur l’auteur. Sûrement, cela joue-t-il un rôle dans la façon dont il décrit la fleur: une forte personnalité qui est alliée à une grande douceur (même si cela ne paraît pas dès le début).

L’attitude de la rose fait découvrir au lecteur que pour aimer il faut savoir donner une part de soi-même, ne pas seulement se laisser combler d’amour et d’attention par l’autre. La séparation est douloureuse, mais elle aide la rose à se rendre compte de l’intensité de son amour pour le Petit Prince qui lui a tant donné, alors qu’elle lui avait seulement montré d’un air froid son grand besoin de protection.   Le Petit Prince se sentira toujours responsable de sa petite fleur, car il l’avait « apprivoisée ». C’est une notion très importante pour Antoine de Saint-Exupéry: la responsabilité que l’on porte pour soi-même et pour les autres. La responsabilité     « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. » (*14)   Je voudrais commencer par expliquer vaguement le sens du terme « responsabilité » ; elle fait charnière entre l’amour et l’amitié.

Le mot vient du latin respondere - se porter garant. « Etre responsable, c’est d‘accepter et subir les conséquences de ses actes, en répondre, garantir d’en assumer les conséquences. » (*15) Donc, la responsabilité, c’est aussi être raisonnable, sérieux et réfléchi. Antoine de Saint-Exupéry écrit dans son ouvrage Pilote de guerre: « Chacun est responsable de tous. » (*16) - En tout cas, chacun de nous est responsable pour ceux qu’il a « apprivoisé », et de soi-même bien entendu. En lisant Le Petit Prince, le lecteur se rend compte que Saint-Exupéry se sent responsable de tous les hommes ce qui le touche.

Guillaumet, un bon ami et collègue de « Saint-Ex » pendant les missions aériennes, disait de lui: « Sa grandeur, c’est de se sentir responsable. Responsable de lui, du courrier et des camarades qui espèrent. Responsable un peu du destin des hommes, dans la mesure de son travail (...) Etre homme, c’est précisément être responsable.

C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » (*17) Antoine de Saint-Exupéry était donc quelqu’un qui avait beaucoup de compassion pour ceux qui vivent dans la misère, les malheureux. Surtout dans Le Petit Prince on aperçoit tout de suite que l’auteur a le désir de participer à l’oeuvre commune qui rend l’homme plus humain par les valeurs qu’il dégage.   En 1944, il dit lui-même que « seule la responsabilité la plus haute, celle du don de soi, lui paraissait essentielle ».

(*18) Le sentiment aigu de cette responsabilité renforce celui de l’amitié et c’est pour cela que Saint-Exupéry aurait donné sa vie pour ses amis. ( voir l’amitié ) Dans son œuvre « Citadelle », le Grand Caïd dit: « Moi, (...) je suis responsable de tous les actes de tous les hommes. » (*19) Cela semble peut-être exagéré.

Je pense que l’auteur se sert de la réflexion du Grand Caïd pour montrer à quel point les hommes sont arrivés à vivre chacun pour soi-même, et surtout pas pour les autres. Le don de soi, c’est une attitude que Saint-Exupéry a déjà connu dès sa plus petite enfance, en particulier avec l’exemple de sa mère - une femme « résolument optimiste et sensible, Marie est tournée vers l’avenir, toute expérience la passionne. Elle est soutenue par sa foi car sa confiance en Dieu l’entraîne à croire au progrès humain. Tout cela joint à un caractère presque viril et à une originalité assurée, fait d´elle un être exceptionnel et une excellente éducatrice pour ses enfants. » (*20) Je dirais que c’est d’elle que le petit Antoine tiend cette sensibilité très développée pour le malheur des autres et son sens des responsabilités. Le Petit Prince se sent tout d’abord et spécialement responsable de sa rose.

C’est l’amour qui a comme effet que le petit « homme » se sent responsable de celle-ci; et le restera toujours. Ensuite, il se sent responsable de sa planète, surtout y étant l’unique habitant. Si celle-ci était dévorée par les baobabs le Petit Prince s’en sentirait responsable - il se ferait des reproches de ne pas avoir été assez attentif devant leur danger pour qu’ils ne poussent point. Lorsque le Petit Prince commence son voyage qui le mène d’une astéroïde à l’autre, il rencontre des personnages très différents les uns des autres. Ce sont tous des adultes qui, atteints par une « maladie » ou l’autre - c’est à dire prisonniers de leurs propres métiers, activités ou vices; ou qui n’ont pas su garder leur liberté et leur simplicité enfantine - n’accordent pas à cet enfant l’attention à laquelle il s’attend. Souvent il n’arrive pas à comprendre leur attitude.

Ils sont tous si pressés. A la fin de chaque séjour sur une planète, qui forme toujours un nouveau chapitre, le Petit Prince déclare avec une certaine déception: « Les grandes personnes sont décidément bien bizarres. »(*21) Il a pitié d’eux et on a tellement l’impression qu’il souffre de cette vie pénible que mènent tous ces personnages, que l’on pourrait y reconnaître Saint-Exupéry sans même savoir que c’en est l’auteur: et c’est exactement cette compassion qui semble ne pas avoir de fin, qu’il appelle la responsabilité.                                                            La rencontre entre le Petit Prince et le Renard – l’animal, maître de l’homme « Le renard se tut et regarda longtemps le Petit Prince :-S’il te plaît...

Apprivoise-moi ! dit il. »(Ill. 2)  L’amitié     L’amitié est, dans le Petit Prince, très lié à l'apprivoisement. Le premier ami que l’enfant trouve au cours de son voyage est le renard. Il fait sa connaissance sur la dernière des planètes qu’il visite: la Terre.   Il y rencontrera aussi le pilote, un adulte qui deviendra son ami.

Tout ce que le Petit Prince apprend à l’adulte se résume dans le message pour lequel l’enfant est venu sur la Terre - il avait un grand trésor à redécouvrir pour la Terre: l’être humain a besoin de garder une âme d’enfant pour vivre pleinement.   Dès son arrivée sur la Terre, le Petit Prince est étonné par l’immensité de cette planète. Tombé dans le désert, il cherche les hommes, mais en vain. Le premier être vivant qu’il rencontre est un serpent. Celui-ci lui explique pourquoi le désert n’est pas habité par les hommes et lui fait aussi savoir que la seule raison pour laquelle il ne le tue pas avec son venin mortel est que cet être enfantin « est pur et vient d’une étoile » (*22). Mais il lui propose de le mordre au moment où le Petit Prince aura envie de quitter la planète Terre.

Le Petit Prince lui répond juste avoir compris le message. Il fera plus tard usage plus tard de cette offre. Pour le moment, l’enfant est à la recherche des hommes. En haut d’une montagne il se sent pour la première fois très seul. Désespéré, il crie vers le ciel son besoin de trouver des amis, mais seul l’écho lui répond.   Le deuxième animal qu’il rencontre est le renard.

Le Petit Prince commence la conversation en priant le renard de jouer avec lui puisqu’il est tellement triste, mais le renard lui répond qu’il n’est pas apprivoisé. Il apprend à cet enfant inconnu le sens de ce mot qui semble au Petit Prince encore une expression compliquée et énigmatique des habitants de la Terre. Le renard lui explique comment on crée des liens et comment procéder pour l’apprivoiser. Le rapprochement entre les deux êtres se fait assez lentement. Ils se parlent avec autant d’intérêt que de respect l’un pour l’autre. Le Petit Prince tutoie le renard car il ne vouvoie que ceux qui lui paraissent vraiment adultes.

Le renard paraît froid dans ce qu’il dit (il répond de façon très abrupte aux questions que le renard lui pose), mais tout à coup, après avoir terminé son « petit cours », il change complètement de comportement et supplie le Petit Prince de l’apprivoiser. Même s’il ne le montre pas tout de suite, il avait grand besoin d’un ami. Dans la Lettre à un otage, Saint-Exupéry dit, à un moment donné, à propos de ce besoin d’amitié: « Mon ami, j’ai besoin de toi comme d’un sommet où l’on respire. » (*23) Le Petit Prince est un enfant qui a soif de connaissances et qui, lui aussi, est à la recherche d’un ami. Le renard est le premier capable de le satisfaire, de pouvoir rassasier sa « soif d’amitié et de tendresse ». Il explique aussi au Petit Prince que cette amitié le rendra unique au monde á ses yeux.

Tout en lui expliquant comment l’apprivoiser, il commence déjà à sympathiser. De même, il est important de s’accoutumer l’un à l’autre, de trouver des « rites », une sorte de régularité afin de pouvoir en espérer une amitié durable.   Plus tard, le renard dit à son nouvel ami qu’il pleurera lorsque le Petit Prince devra partir, mais que cela ne sera pas grave puisque dès ce moment-là, quand il regardera le blé, cette couleur lui rappellera la couleur des cheveux ondulants et dorés du Petit Prince - le blé a maintenant une signification spéciale pour le renard. Pour fortifier et approfondir une amitié, il faut aussi savoir attendre et parfois même souffrir et pleurer sur l’absence de l’ami - cela fait partie du chemin qui nous conduit vers le bonheur et les amitiés profondes. La solitude dépassée, voilà cette amitié qui commence et qui fera grandir le Petit Prince car « le renard lui apprendra un secret, qui donnera un sens nouveau à sa vie en revalorisant son amour pour la rose ». (*24) Le moment de se quitter venu, le Petit Prince, un peu timide et mélancolique, dit juste un « adieu » au renard.

Mais celui-ci lui confie maintenant son secret: « Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » (*25) C’est sans doute le passage le plus connu de cette œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry. Le lecteur arrive à ce moment-là au coeur de l’oeuvre. Le Petit Prince est un peu découragé par tout ce qu’il a vécu sur la Terre et sur les autres planètes. La rencontre avec le renard exerce sur lui une profonde impression et lui redonne le courage qu’il avait perdu.

Le renard n’en reste pas là - il lui explique pourquoi sa propre rose est unique dans l’univers: « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui la rend si importante. » (...) « Les hommes ont oublié cette vérité. Mais tu ne dois pas l’oublier.

Tu deviens pour toujours responsable de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose. » (*26)   Le Petit Prince, qui avait tant douté ces derniers temps de son amour pour la rose, puisqu’il avait vu dans un jardin des dizaines de roses toutes semblables à la sienne, comprit alors pour quelle raison la sienne était vraiment unique. Cette découverte l’a rendu si heureux qu’il dut en pleurer. C’est une phrase qui touche les lecteurs de façon particulière, à mon avis, puisqu’elle répond à un besoin de richesse immatérielle, puisque c’est une vérité qui n’est pas assez mise en valeur dans notre monde, basé sur les biens matériaux, visibles, que l'on peut toucher. Saint-Exupéry réussit à présenter les valeurs des relations humaines sans écrire de banalités ou sans formuler aucun traité de morale.

Le Petit Prince entame le chemin du retour puisque le but de son voyage est atteint ; une sorte de mission est accomplie. Il n’a plus qu’à transmettre le secret au pilote, à l’adulte, afin qu’il puisse, lui aussi, découvrir cette vérité universelle toujours actuelle et tellement importante, mais jamais assez évidente puisque les hommes l’ont trop souvent oublié.   « Saint-Ex » a connu des moments très difficiles, des moments de peur, sans doute. Mais, toujours, il aurait risqué sa vie pour ses amis et ses camarades de vol. Léon Werth, un ami très important de Saint-Exupéry, disait à propos de sa façon d’apprivoiser: « Il laisse de longues durées de blessures au cœur à ceux qui l’ont vu une seule fois sourire. » (*27) Lui-même disait que l’« on est animé par un sourire.

 » (*28) « ...le sien parfois timide, pathétique, attendait la réponse de l’autre pour s’épanouir. » (*29) Pour Saint-Exupéry, le pire fut la solitude. L’homme n’est pas fait pour être seul.

Il a la chance d’être le plus souvent capable de chercher et de trouver des amis, des personnes dans lesquelles il puisse avoir confiance et sur lesquelles il puisse compter.                                                                 Antoine de Saint-Exupéry à la gare Saint-Lazare et arrivant de New-York, en août 1939.«  Il laisse de longues durées de blessures au cœur à ceux qui l’ont vu une seule fois sourire. » (*27) (Il. 3) Avec l’amitié, le Petit Prince commence à connaître une nouvelle dimension de la vie:pour apprivoiser quelqu’un, on a besoin de patience afin de ne rien presser dans le processus de la familiarisation. Il faut se tenir à distance - et là nous voyons l’importance du respect de l’autre ainsi que celle de lui laisser le temps de se préparer à la rencontre.

Pendant ce temps-là, on peut s’observer silencieusement car, lorsque le personnage est encore inconnu, « le langage est source de malentendus », comme dit le renard. (*30)  L’image qui nous est donnée du renard dans Le Petit Prince est contraire à celle que nous sommes habitués à rencontrer dans les fables et dans les paraboles des siècles passés et où le renard est présenté comme avide, menteur, hypocrite et excessif. C’est ce qui est beau dans ce symbole du renard: Saint-Exupéry a changé l’image traditionnelle du renard, mais c’est toujours un animal qui transmet un message (qui transmis par un homme semblerait moralisant et n’aurait sûrement pas le même effet sur le lecteur). « Le renard montre une grande sagesse. Il a une préférence pour les phrases simples et brèves - il a une vision claire du monde et des valeurs qui la soutiennent. Saint-Exupéry a sans doute été influencé dans son choix par le souvenir qu’il avait gardé des « fénechs », des renards de sable, car ceux-là l’avaient distrait lors de ses heures de solitude et d’angoisse dans le Sahara »: « J’imagine mon ami.

 » (le fénech) « trottant doucement à l’aube, et léchant la rosée sur les pierres. Ici un compagnon est venu le rejoindre et ils ont trotté côte à côte. J’assiste ainsi avec une joie bizarre à cette promenade matinale. J’aime ces signes de la vie. Et j’oublie un peu que j’ai soif. » (*31) Pour parler de l’amitié entre le pilote et le Petit Prince, je voudrais commencer par citer William Woodsworth pour démontrer l’inégalité qui règne entre le Petit Prince et le pilote-adulte: « L’enfant est le père de l’homme.

 » (*32) Cette fois-ci, c’est le Petit Prince qui est le savant, le pilote est celui qui doit tout apprendre et beaucoup réfléchir sur sa propre existence.   Les deux personnages se rencontrent dans un moment plutôt critique pour le pilote. La réparation du moteur est pour lui « une question de vie ou de mort  ». (*33) Il ne s’attendait pas à rencontrer une personne dans un endroit pareil. Le Petit Prince apparaît avec son attitude naturelle comme si de rien était. Contrairement au pilote, il n’est « ni égaré, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur.

 » (*34) Avant d’apparaître complètement, le pilote ne fait qu’entendre sa voix. Cela donne presque l’impression que l’enfant a surgi du néant, d’un coup de baguette magique. Le renard apparaît de la même manière au Petit Prince. Peut-être que cela est une meilleure façon de se « voir  » pour la première fois. Lorsque l’enfant demande au pilote de lui dessiner un mouton, celui-ci ne voit pas en quoi cela serait un besoin tellement essentiel pour lui. Le lecteur se rend compte à quel point les deux personnes sont différentes l’une de l’autre.

Le pilote symbolise l’adulte qui a raté ce qui est important dans la vie, mais c’est au cours de l’amitié qui naît entre eux deux que ce pilote-narrateur redeviend en quelque sorte enfant. La façon dont l’enfant s’adresse à l’homme inconnu est importante à évoquer- dans une même phrase il vouvoie et tutoie le pilote ce qui surprend celui-ci: « S’il vous plaît, dessine-moi un mouton. » (*35) Cela nous montre que le Petit Prince ne sait que penser de cet adulte, il doute de sa provenance et ne sait pas s’il doit le considérer proche de lui ou non- perdu dans un monde d’enfance ou dans l’image qu’il se fait du monde adulte.   Le Petit Prince n‘est jamais content des dessins que le pilote lui fait. Sa fantaisie fleurit tellement que les dessins lui paraissent en même temps vivants et réels. L’adulte doute presque de l’existence charnelle de ce garçon qui possède tous les attributs d’un personnage de conte.

Mais peu à peu, les deux commencent à s’entendre. D’un côté, le Petit Prince persiste dans sa volonté de faire de cet adulte son ami et essaye de trouver un lien entre le monde adulte et celui des enfants, et de l’autre, le pilote se rend compte que cet enfant est vraiment extraordinaire et doté d’un charme véritablement envoûtant. Il y a déjà une certaine ressemblance pour ce qui est de leur vision des choses. Ce qui prouve ce sentiment est que l’enfant reconnaît dès le premier instant que le dessin du pilote, souvent vu par les adultes comme un chapeau, est en fait la représentation d’un éléphant dans un boa. Cela les rapproche beaucoup l’un de l’autre. Le pilote est soulagé et heureux d’avoir trouvé une âme sœur!   Dans les chapitres suivants (Chap.

5 à 23), le pilote-narrateur disparaît en tant que personnage de l’histoire. Il apparaît de nouveau vers la fin, lorsque le Petit Prince a terminé de lui raconter son voyage interplanétaire. (Chap.24) C’est maintenant que l‘enfant transmet à l’adulte tout ce qu’il a appris par le renard. Ce dernier est nerveux puisqu’il n‘y a plus d’eau et que la soif (physique et sentimentale!) augmente. Il veut que l’enfant réalise finalement l’aspect tragique et sérieux de la situation.

Les deux vont donc à la recherche d’eau. Cette marche symbolise leur relation – les heures qui passent entre la nuit et le lever du jour représentent les étapes de leur amitié. Leur conversation se dirige vers un point fixe. Petit à petit l’enfant lui fait découvrir le secret, la Vérité du renard par des allusions telles que celle-ci: « Les étoiles sont belles à cause d’une fleur que l’on ne voit pas. »(..

.) « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. » pour enfin aboutir, avant de s’endormir, sans même être capable de terminer sa phrase: « Le plus important est invisible. » (*36) Peu de temps après, le pilote trouve enfin le puits au lever du jour, ce qui symbolise l’accomplissement d’un cheminement intérieur. Il porte l’enfant dans ses bras, les deux ne font plus qu’un, la distance entre les deux personnages s’est effacée, l’adulte a le désir de protéger cet être si faible et tellement précieux. Il retrouve le bonheur qui est annoncé dans le récit par un «  mystérieux rayonnement du sable ».

(*37) - le rayonnement de l’amitié qui rend au pilote la chaleur intérieure qui lui avait tant manqué et qui lui rappelle son enfance. Le désert, la soif et la solitude     Lorsque le Petit Prince cria « Soyez mes amis, je suis seul. », seul son écho lui répondit et l’enfant pensa: « Quelle drôle de planète! Elle est toute sèche, et toute pointue et toute salée. Et les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce qu’on leur dit. » (*38)   Pour son histoire, Antoine de Saint-Exupéry a choisi un cadre sec et isolé, dépeuplé car écarté du reste de la planète, donc apparemment sans aucune vie.

Mais en contraste avec ce qui serait normal, c’est à dire de ne rencontrer personne (à part peut-être quelque animal sauvage « non-apprivoisable »), le Petit Prince y découvre le sens de la vie qui est celui du don de soi, de l’importance de l’amitié et de l’amour véritable. Il est certain que le désert n’est pas le seul endroit isolé de notre planète. L’auteur aurait aussi bien pu choisir une chaîne de montagne du Tibet, par exemple, mais Saint-Exupéry a vécu des moments de peur et d‘angoisse, de grande solitude mais aussi de découverte et d’émerveillement. Ainsi, « en 1935, le pilote décide de battre le record Paris-Saïgon sur un “Simoun“. Il part de Benghazi le 29 décembre et échoue quatre heures plus tard dans le désert de Libye. Ce n’est que le mercredi 1er janvier que, mourant de soif, son mécanicien et lui seront recueillis par une caravane.

 » (*39) « Saint-Exupéry » lui-même écrit dans son œuvre Terre des Hommes: « Le désert? Il m’a été donné de l’aborder un jour par le cœur. Au cours d’un raid vers l’Indochine, en 1935, je me suis retrouvé en Egypte, sur les confins de la Libye, pris dans les sables comme dans une glu et cru en mourir. C’était ce qui naissait en nous. Ce que nous apprenions sur nous-mêmes. » (*40)   Le désert et l’expérience d’en arriver jusqu’aux extrêmes confins de sa propre existence furent pour lui une source d’enrichissement spirituel: cet endroit offre à l’homme un miroir dans lequel il se reflète lui-même. « Le Sahara, c’est en nous qu’il se montre.

L’aborder, ce n‘est point visiter l’oasis. C’est faire notre religion d’une fontaine. » (*41) Dans les moments les plus difficiles, égaré au cœur du désert, à l’heure de la mort, Saint-Exupéry voit surgir des souvenirs d’enfance qui viennent peupler la solitude de l’instant et offrir, contrairement aux mirages, un réel point de repère. Se trouvant proche de la mort, à un moment où il est donné à chacun de nous de voir sa vie entière défiler devant ses yeux, Saint-Exupéry se rappelle son enfance et voit l’essentiel en cette vie. Je préfère citer l’auteur qui exprime mieux ce à quoi l’on réfléchit dans ces moments où l’on se sent si proche de la fin sans retour. Que cela soit vraiment la fin ou pas,c’est une question de foi – si on croit à une vie post-mortelle ou pas.

Antoine de Saint-Exupéry a toujours été à la recherche intérieure de Dieu, même s‘il n’a jamais tout à fait réussi à le trouver. Mais il est sûr qu’il croyait en une rédemption divine après la mort. Cet espoir est aussi visible dans le texte suivant qui est extrait de Terre des Hommes: « Et je méditais sur ma condition, perdu dans le désert et menacé, nu entre le sable et les étoiles, éloigné des pôles de ma vie par trop de silence. Car je savais que j’userais à les rejoindre, des jours, des semaines, des mois, si nul avion ne me retrouvait (...

) Ici,, je ne possédais plus rien au monde. Je n’étais rien qu’un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer. Et cependant je me découvris plein de songes. (...

) Il n’y eu point de voix, ni d’images, mais le sentiment d’une présence, d’une amitié très proche et déjà à demi devinée. Puis, je compris et je m’abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire. Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j’aimais. Peu importait qu‘elle fût éloignée ou proche, qu’elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m’abriter, réduite ici au rôle de songe: il suffisait qu’elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n’étais plus ce corps » (cette écorce!) « échoué sur une grève, je m’orientais, j’étais l’enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l’avaient animée. » (*42) La plupart du temps que Saint-Exupéry a passé dans le désert fut rempli de solitude et de dénuement, mais les quelques moments merveilleux qu’il y pût vivre furent si frappants qu’il garda de ce temps-là le plus beau souvenir de sa vie.

  Dans Le Petit Prince, l’enfant est triste de voir la planète Terre désertée et apparemment si stérile. Pourquoi stérile? Stérile puisque les hommes sont souvent devenus des machines, des prisonniers d’eux-mêmes, ce qui a comme conséquence que l’on fonctionne au lieu de vivre. Tels sont les personnages que le Petit Prince rencontre au cours de son voyage interplanétaire. L’humour de Saint-Exupéry y est une fois de plus visible lorsque le businessman répète sans cesse: « Mais je suis un homme sérieux! Je suis un homme sérieux!« (*43) ce qui le rend vraiment ridicule! Vivre, c’est être heureux après un beau coucher de soleil, c’est avoir le temps d’offrir gratuitement des gestes d’amitié, et de ne pas courir dans la vie au point de ne plus rien pouvoir regarder et contempler. Lorsque le garçon rencontre le serpent et lui demande: « Où sont les hommes? On est un peu seul dans le désert. » celui-ci lui répond : « On est seul aussi chez les hommes.

 » (*44) Le serpent parle, comme dit le Petit Prince, en énigmes. L’auteur veut ici nous dire que la solitude ne se trouve pas du tout que dans des endroits désertés. Dans les grandes villes d’aujourd’hui combien de personnes se sentent seules, isolées et mal comprises, alors qu’elles vivent collées à des milliers d’autres personnes, vivant chacune pour elle-même, chacune avec la peur de rater de grands événements, et ne se rendant pas compte qu’elles ratent le plus important dans la vie: c’est à dire le temps d’aimer !   La fleur qu’il rencontre ensuite est du même avis que le serpent: « Les hommes? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène.

Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup. » (*45) Voilà une deuxième raison pour laquelle on peut dire que notre planète est une planète de plus en plus stérile. Cela ne veut pas dire qu’elle ne sera plus jamais féconde, mais cela veut dire que, pour le moment, les êtres humains qui y vivent ne sont pas capable de garder leurs racines. En perdant leurs racines, ils perdent le contact avec leur propre réalité. En tout cas, il se trouve de l’agitation à l’intérieur de leur « écorce ». Je pense qu‘ils ont perdu le sens de leur vie, le sens qui formait leurs racines.

Les quelques personnes que la fleur a vues, sont très probablement des nomades. Saint-Exupéry a souvent vécu la solitude. C’est un état qui est lié à l’isolement, qui rend profondément triste à la longue. L’être humain est fait pour vivre en compagnie avec les autres. Il a besoin des autres pour exister. Dans Citadelle, le Grand Caïd prie le Seigneur: « Je n’ai plus de sens si je suis seul.

Je suis ici défait et provisoire. J’ai besoin d’être. » (*46) Certes, l’homme a aussi besoin de solitude pour se connaître lui-même, mais il est, dès sa naissance, dépendant d’autres personnes et le restera d’une façon ou d’une autre. La solitude peut donc être la pire des souffrances.   La solitude peut aussi être la liberté sans confins dont chacun de nous a une fois rêvé. Elle nous libère de toute responsabilité pour les autres, puisque par la solitude nous ne faisons plus partie de la communauté des hommes.

Il est vrai aussi que ce n’est sûrement pas dans la masse et dans le bruit que l’on découvre un sens à sa vie. C’est dans le silence, et parfois dans la solitude, qu’on se découvre. Le Petit Prince ne voit la solitude que par son aspect négatif (cela est normal puisque c’est seulement plus tard qu’on reconnaît les fruits qu’une situation douloureuse nous apporte). La soif d’amitié se manifeste dans aspiration à ne plus être seul. Cette soif est symbolisée par le besoin d’eau dans le désert. Saint-Exupéry fait lui-même l’expérience que l‘homme est prisonnier de l’eau, il ne peut survivre sans ce liquide – pour Saint-Exupéry cela fut source de déprime: « On croit que l’homme peut s’en aller devant soi.

On croit que l’homme est libre. On ne voit pas le cordon qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la Terre. S’il fait un pas de plus, il meurt. » (* 47) L’eau, source de vie, symbole de pureté, indispensable à l’homme – exactement comme il en est pour l’amitié. Saint-Exupéry n’a pas seulement éprouvé de la rage contre l’eau qui nous rend prisonniers, mais aussi de la gratitude car elle a une telle force qu’elle est presque capable de ressusciter un mourant: « Eau, tu n’a ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie: tu es la vie.

Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par le sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur. Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la Terre. (..

.) Tu répands en nous un bonheur infiniment simple. » (*48) C’est un hymne à l’eau plein d’admiration et d’émerveillement. Cela frappe puisque l’eau est pour l’humanité quelque chose de tout à fait courant, et rarement il nous est rappelé comme elle est précieuse (et de nos jours menacée par la pollution entre autres).   Le Petit Prince a soif d’amitié dans le désert de la solitude, comme Saint-Exupéry a soif d’eau dans le désert de Libye. Il est rassasié par l’amitié avec le pilote, par son amour pour la rose et par le nouveau sens de la vie qui lui est donné par le renard.

  L’enfance     « Lorsque j’étais petit garçon. Je remonte loin dans mon enfance. L’enfance, ce grand territoire d’où chacun est sorti. D’où suis-je? Je suis de mon enfance comme d’un pays. » (*49)   Saint-Exupéry a choisi un petit garçon comme personnage principal tout d’abord puisque le livre a été conçu, en principe, comme un conte pour les enfants. Il l’a dédié à un ami adulte (ce qui n’est pas tout à fait vrai puisqu’il l’a dédié à « Léon Werth quand il était petit garçon ») ce qui montre déjà que ce n’est pas du tout exclusivement pour les jeunes personnes.

  Ce qui fait le charme du Petit Prince, c’est qu‘il s’agit d’un enfant pure, innocent et naïf qui fait découvrir au lecteur une perspective merveilleuse de la vie et du monde. Le Petit Prince est l’image de tout ce qui manque souvent aux adultes: être capable de se laisser fasciner, de montrer un besoin de protection lorsqu’on a peur, d’avoir des sentiments qui ne sont point lésés par la raison. C’est aussi un manque d’humour et de simplicité, de confiance et de sincérité. Tout son charme réside en cette simplicité qui le rend si particulier. Le Petit Prince possède aussi l’entêtement typique de la petite enfance – il ne renonce jamais à une question, une fois qu’il l’a posée. Cela montre aussi que les questions qu’il pose au pilote sont posées par intérêt et non pas pour animer une conversation de façon contrainte.

L’image de l’enfant dans l’oeuvre de Saint-Exupéry rappelle celle qui en est donnée dans le Nouveau Testament: « Quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas. » (*50) La représentation de l’enfance comme un âge merveilleux dans lequel chacun de nous aimerait rester à jamais suscite le besoin d’observer l’enfance de l’auteur lui-même.   Le petit Antoine fut un enfant heureux, bien que blessé. Dans une lettre à sa mère, il écrit avec un air mélancolique: « Et c’est un drôle d‘exil d’être exilé de son enfance. » (*51) Enfant blessé car son père meurt lorsqu’il n‘a que quatre ans (le boa vient d’avaler sa proie! – le père meurt en 1904 d’un accident dans une gare, la mort représentée par le boa) Heureusement que sa mère fut une femme très forte de caractère, qui a toujours essayé d’être à la fois père et mère pour ses cinq enfants. La famille mène une vie un peu nomade après cette mort tragique.

Mis à part le fait d’avoir souvent changé de maison, Antoine vit dans une ambiance harmonieuse et protégée. Marie, sa mère, s’occupe beaucoup d’Antoine. Cette relation entre l‘enfant et la mère sera maintenue pendant toute sa vie. L‘influence des hommes dans l’éducation d’Antoine se réduit à des aspects presque éphémères. Ils meurent tous très tôt. Un autre événement qui apporte de la détresse autour de tant de privilèges et beaucoup d’ombre autour de son sourire enfantin est la mort de son jeune frère François.

Saint-Maurice-de-Rémens, le château de sa tante dans l‘Ain‚ et le parc qui l’entoure sont le seul point fixe dans son enfance et sa jeunesse. Il reviendra maintes fois sur cette planète sans soucis, un rempart contre les troubles extérieurs, le désordre, le chaos du monde des adultes. En tant qu’enfant heureux, mais blessé, « la lumière tardera peut-être à disparaître, mais l’angoisse s’épaissira vite » dans le personnage d‘Antoine de Saint-Exupéry. (*52)   C’est peut-être pour cela que Le Petit Prince n’est pas un livre gai, mais « seulement » serein. Ayant mentionné ce thème de l’enfance, il serait dommage de ne pas évoquer celui de l’âge adulte. D’après le Petit Prince, dans le monde des adultes, personne n’est attentif aux problèmes des autres.

Cet égoïsme a été une dure déception pour l’enfant. Arrivé sur Terre, il voudrait que la blessure de cette déception puisse guérir. Tous les reproches, qui sont faits aux adultes par l’enfant et qui ont été traités dans le dernier chapitre, « cachent une déception amère de la vie chez celui qui fut pardessus tout désireux de relations humaines. » (*53) La mort     Le Petit Prince meurt à la fin du conte essentiellement pour souligner que l’enfant lui même met l’accent sur le fait que la mort est seulement un processus superficiel de notre corps qui est éphémère. C’est dans l’avant-dernier chapitre que le « petit bonhomme de prince » (*54) annonce de manière très douce que bientôt il sera temps de se quitter. Il sait d’avance que le pilote avait bien réussi à réparer son avion, ce jour-là, ce qui mène à croire que le Petit Prince a le don de la télépathie ou d‘autres dons extraordinaires.

Le pilote est angoissé: « Je sentais bien qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Je le serrais dans les bras comme un petit enfant, et cependant il me semblait qu’il coulait verticalement dans un abîme sans que je puisse rien pour le retenir. » (*55) Le pilote souffre d’avance du fait de ne plus jamais pouvoir entendre ce rire. Il a du mal à croire que l’âme du garçon ne sera pas morte lorsque le corps, « la vieille écorce » (*56) du petit bonhomme, sera tué par le serpent. Mais le Petit Prince montre un autre talent heureusement, il sait consoler: « Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire! » (*57) Cette mort inattendue « est donnée à la fois comme brutalement réaliste (.

..) et comme presque magique, parce qu’elle ressemble à un voyage ultra-rapide au travers des étoiles. (...

) Alors pourquoi avoir ainsi tué cet enfant blond? Mais on assassine partout Mozart. » ( Allusion à une page célèbre de Terre des Hommes ) « A force d’avoir tué en eux ce qui restait d’enfance, les hommes ont rendu la Terre déserte. » (*58) Ce qui reste flou est donc la question pourquoi le Petit Prince meurt juste après avoir trouvé ce qu’il avait cherché: l’amitié et un secret qui a donné un sens nouveau à sa vie. A mon avis, le Petit Prince retourne sur sa planète pour aller retrouver sa rose et lui transmettre aussi le « grand secret » - si elle est encore en vie. La raison ultérieure est que sa mission sur Terre est accomplie. Le pilote a aussi trouvé un nouveau sens à vie.

De plus, le charme et la particularité du récit se seraient perdus si le Petit Prince était resté sur Terre. Il aurait été obligé de grandir, mais pour Saint-Exupéry et pour ceux qui ont trouvé un trésor dans cet œuvre, il est essentiel que le Petit Prince reste petit enfant pour l’&

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